L’art pour mieux vivre

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L’art pour mieux vivre : premier rendez-vous

Voilà, c’est décidé, je me lance dans cette série de rendez-vous avec des inconnus : vous !

Je souhaite vous emmener à la découverte de certaines œuvres d’art pour vous montrer combien leur fréquentation peut vous aider à mieux vous connaître, mieux clarifier vos pensées et pourquoi pas, j’ose le prétendre, mieux vivre.

Comme pour tous les premiers rendez-vous, j’ai le cœur qui bat fort. Alors, j’ai choisi de commencer avec une œuvre qui m’a toujours touchée, même s’il ne s’agit pas du chef d’œuvre le plus connu. Vous pouvez vous aussi vous laisser attirer par une œuvre d’art sans savoir pourquoi. Vous approchez et vous laissez vos yeux regarder. Et puis vos pensées commencent à défiler… Cela vous est-il déjà arrivé ?
Une autre fois, je vous raconterai sans doute comment je suis devenue une spécialiste des ivoires du Moyen Âge, il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine
En tous cas, sachez que ce groupe de statuettes d’ivoire de la Descente de croix du musée du Louvre m’émeut aux larmes presque à chaque fois que je l’admire. Et je vous raconte pourquoi, maintenant.

Descente de croix Descente de croix en ivoire gothique – Paris, vers 1270 – Ivoire d’éléphant-Paris, musée du Louvre, département des objets d’art


Qu’est-ce que je sens quand j’observe ces 7 statuettes ?
Émerveillement, espoir et calme !
Je suis d’abord émerveillée par cet ensemble car, bien que l’ivoire d’éléphant soit très dur, ces personnages sont sculptés avec une grande douceur et une finesse étonnante.
J’admire ce groupe et alors un grand calme m’envahit. C’est toujours le cas quand je suis face à la Beauté.

Ensuite, je regarde les personnages un par un en commençant par Joseph d’Arimathie.

Joseph, confiance, ivoire, musée du Louvre

Il porte sur son épaule le corps mort du Christ, juste détaché de la croix. Il devrait ployer sous ce fardeau et pourtant il lève vers le Ciel un visage éblouissant de confiance.
Je me dis alors que face aux difficultés de la vie, aux déceptions, aux horreurs, il est possible de garder espoir, de prendre sa part sur son dos tout en restant digne et confiant dans l’avenir.

Bien sûr, Joseph d’Arimathie n’est pas seul. Il y a Nicodème aux pieds du Christ.

Nicodème transformé en prophète

Cette statuette a été transformée en prophète à une date ultérieure à sa création, mais à l’origine Nicodème tenait une paire de tenailles pour déclouer les pieds du Christ de la croix. Il est agenouillé et il agit. À mes yeux, il représente la partie matérielle de notre vie. Il est indispensable et cependant il conserve une attitude humble et calme. Il faut bien quelqu’un pour s’occuper des tâches les plus ingrates, n’est-ce pas ?

Ensuite je regarde la Vierge au visage gonflé de larmes.

Vierge, ivoire

Vierge de la descente de croix en ivoire du musée du Louvre

Elle tient la main de son fils mort avec une délicatesse infinie. Vient-elle de la baiser ou s’apprête-t-elle à le faire ? Peu importe. Cette scène représente le chagrin. Pas de colère, pas de révolte, cette Mère accepte la mort de son enfant unique. Elle pleure. Elle souffre, c’est évident. Elle est tellement humaine et pourtant souveraine par ce calme qui l’habite.

Et puis derrière eux, saint Jean.

saint Jean en ivoire de la Descente de croix

saint Jean de la descente de croix en ivoire gothique du musée du Louvre

Son attitude en retrait illustre le chagrin vécu seul, quand il est nécessaire de s’isoler et de l’éprouver sans témoin. La Vierge tient la main d’un corps soutenu par un autre. Saint Jean, lui, est seul mais son visage baissé ne laisse aucun doute sur l’intensité de son chagrin. Il n’interagit pas avec les autres. Il incarne la solitude de la souffrance.

Je regarde ce groupe, je passe d’un personnage à l’autre et je vois quelles sont les phases du chagrin, celles que chacun de nous vit, à un moment ou à un autre de son existence. Je ne suis plus seule, je me sens humaine, simplement humaine avec mon chagrin à traverser.

Devant le groupe, on voit les statuettes qui représentent l’Église et la Synagogue.

Eglise de la descente de croix en ivoire

L’Église est abîmée et me touche peu. Cela arrive et peu importe !

Synagogue de la descente de croix en ivoire

En revanche, la Synagogue est bouleversante. Elle est déchue et pourtant quelle attitude ! On dirait presque un abandon, non ? Son corps dégage une sensualité étonnante pour une œuvre médiévale. Je me plais à m’imaginer avec une telle silhouette et une telle liberté dans le corps…

 

Est-ce que cette œuvre me donne des envies ?
Oui, j’ai envie d’être plus souvent en contact avec la Beauté.
J’ai envie d’être calme et belle face à tous les événements de la vie, y compris les plus douloureux.

Que puis-je décider après cette rencontre ?
Je décide de faire face, de penser à ces différents états et d’accepter de passer de l’un à l’autre : agir, prendre ma part, espérer, prier (?), accepter, pleurer, honorer, m’isoler, m’abandonner, triompher…

Et vous ? Que vous inspire ces statuettes ?
Vous pouvez prendre quelques instants pour vous interroger et peut-être écrire vos sensations et pensées en laissant un commentaire ici ? Ou bien notez-les dans un petit carnet… Vous verrez que vous aurez plaisir à vous relire.

Si vous avez envie d’en savoir un peu plus :
http://ressources.louvrelens.fr/EXPLOITATION/oeuvre-oa-12516-12517.aspx

 

 

 

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Comments
  • Dorothée DOUDET

    Quelle Beauté !
    Je me souviendrais toujours de ces moments où nous l’avons admirée ensemble dans cette magnifique Conciergerie qui rendait un sublime hommage à St Louis.
    Ces moments de partages intenses : se sentir émues ensemble de tant de Grâce et de Délicatesse.
    Merci ma belle amie, car sans toi je n’aurais peut-être jamais été émerveillée par cette oeuvre.

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